lundi 11 janvier 2016

Ça sert à quoi ?

Qui ne s'est jamais, sur un sujet ou un autre, posé la question ! "Ça sert à quoi ...?"

Certains se la sont, peut-être, posé à l'occasion de l'article précédent relatant la parution de "L'atlas de la flore rare ou menacée de Haute-Savoie".

M. Luc GARRAUD, botaniste au Conservatoire Botanique National Alpin, auteur de "Flore de la Drôme - Atlas écologique et floristique" vous répond :

"Ça sert à quoi vraiment, un livre sur la flore rare ou menacée de Haute-Savoie, pourquoi faire ?
 
Cent fois on s’est posé cette question, ça va intéresser qui ? 

 
C’est fait par un botaniste pour les botanistes qui aiment la botanique, avec ça on va loin !

 
Ça va peut-être en intéresser d’autres, mais qui d’autre ?

 
Faire un beau livre de plus pour le ranger dans la bibliothèque et après.

 
Tout ça pour ça ?, un livre à regarder de temps en temps et dire que l’on est fier de connaître celui qui l’a fait, ça ne suffit pas !


Le recevoir en cadeau à Noël avec ces belles photos à admirer, l’ouvrir de temps en temps pour dire c’est beau les fleurs, user des superlatifs, d’accord c’est un bon début mais est-ce suffisant ?


Un livre sur les plantes qui raconte des histoires de plantes, de fleurs et d’arbres, qui parle surtout de botanique, et là d’un coup tout le monde prend peur, le mot botanique est effrayant : c’est compliqué, j’y connais rien, y’a trop des plantes, heureusement qu’il y’a des photos, quand même !


Assez vite la formule la plus utilisée dans ces moment-là c’est Plantus vulgarus, du latin approximatif, un peu bancal qui montre de façon significative une méconnaissance en même temps qu’une grande curiosité pour la science des plantes.


La botanique ça sert à quoi ?, la question c’est ça !


A pas grand-chose, une occupation comme une autre, pour occuper le temps des botanistes, qu’ils ne s’ennuient pas, c’est court !


Mais c’est quoi un botaniste ?


C’est pas facile à cerner, on peut le définir assez facilement comme un personnage passant beaucoup de temps à marcher le nez dans l’herbe, ce n’est pas forcement utile tous ces noms barbares qu’ils utilisent, il faut dire que la nature n’est pas facile à classer et de plus, entre eux ils ne sont jamais d’accord, les discutions peuvent durer des jours et des nuits.


Il y a deux catégories de botanistes les émérites et les autodidactes, pas de problème à la fin ils sont tous « distingués ». Faire des années d’étude ou le plus souvent n’en avoir jamais fait, étudier les plantes c’est faire l’école dans les buissons, avoir la mémoire un peu perforée de trous, trimballer des oublis. La connaissance ça se fabrique, la passoire à des mailles de plus en plus fines, elle retient à chaque sortie de terrain d’avantage de choses, ça comble les vides juste le temps d’en ajouter de nouveaux, rien comprendre tout de suite, il  faut prendre son temps. La botanique est une pratique journalière, elle a besoin d’entrainement au quotidien, des années d’observations pour revenir très souvent à la première plante rencontrée, celle qu’on n’a su nommer pour la première fois tout seul.


Avec juste, un crayon, pas de gomme, juste un carnet, on note tout, les erreurs, les doutes, on retrouve tout sur les carnets, l’important c’est de noter, consigner, écrire, d’observer, même ce qui est abstrait.


Rien connaitre et tout vouloir connaitre, c’est bien cela, herboriser!, on ne sait pas toujours pourquoi on y va, on sait pourquoi on y retourne !

C’est tout embrouillé dans la tête, alors publier un livre c’est en quelque sorte mettre de l’ordre dans tout ça, dans ce désordre que seul on comprend, une accumulation dont il faut faire quelque chose de lisible, écrire sa route avec toutes ces herbes ramassées, le temps passé et repassé à courir dans les bois, couché dans l’herbe pour voir de plus près, les premières à fleurir sous la neige. On apprend à lire tout le temps, quand on écrit sur la nature.

Faire un livre c’est un morceau de vie dont on ne sort pas indemne, on laisse quelque chose, on le sait, une petite trace de tout ce que l’on a vu.

La Nature est complexe mais pas compliquée, l’entreprise de faire un livre est longue, au départ on se pose beaucoup de questions, pendant le travail énormément et surtout après, on l’a fait trop tôt, on l’a fait trop tard, enfin bon on l’a fait, pas de retour en arrière, combien de fois on a voulu arrêter, fatigué par la tâche, par l’ampleur du truc, du machin, le nom du livre a été difficile à trouver, les délais qui s’allongent, les petites choses en plus qui chaque jour s’accumulent, qui freinent l’allure, va-t-il sortir un jour ?

Eh bien oui !  Un jour on vous le pose dans les mains, l’objet tout neuf, tout frais, brillant, lourd avec une forte odeur d’imprimerie, on est tout emprunté, il est sorti de nous, il est dans le monde maintenant.

Alors il raconte quoi ce livre, avec ses photos, ses cartes et ses textes, plein de choses qu’il reste au fil des pages à découvrir : l’histoire des plantes rares de la Haute-Savoie, une somme de connaissance sur chacune des espèces, leur répartition, leurs floraisons et surtout l’écologie de chacune d’elles, ce sont pour les comprendre des dizaines de botanistes qui depuis plus de 200 ans ont arpentés le département. Faire un livre c’est recueillir toute cette mémoire coincée entre des centaines de parts d’herbiers consultés, les livres lus et relus, les publications dépouillées, c’est un travail collectif perpétué et élaboré sur une longue période.

Ce livre-inventaire parle de préserver la ressource, c’est  en fin du compte, faire attention aux plantes les plus fragiles, montrer les différences en évitant les préférences, dans l’incroyable diversité de la flore le particulier ne compte pas quand il s’agit de sauvegarder un habitat ou une station au bord de l’extinction, c’est toujours l’ensemble qui prévaut. L’important, c’est de ne pas en perdre une, même de vue.

L’on voit bien ici  que c’est aussi le constat alarment d’une biodiversité qui disparait et l’optimisme voudrait que l’on puisse au court du temps arracher du livre les pages des espèces devenues hors de danger, une belle idée.

Ici c’est la flore naturelle qui nous préoccupe, qui nous fascine, bien comprendre cette nature c’est bien comprendre la culture qui en découle, tout vient de là, y faire attention, y apporter une grande attention. Une belle photo sur la flore, la plus complète possible, on le sait maintenant le danger qui pèse, c’est plus concret. Il reste à expliquer que cette flore c’est le bien de tous, avec des mots on peut toucher.

On aura posé une pierre de ce que l’on a vu de la flore, une grosse pierre qui sera difficile à déplacer, au travers du chemin, une belle trace utile aux autres qui viendront.

Alors voilà c’est ça et beaucoup d’autres choses le livre de Denis, le livre que nous avons avec nos moyens aidé « à sortir de terre », avec Asters et le Conservatoire botanique on est fier et content d’avoir un bel outil, il ne reste plus qu’à s’en servir et on va le faire !

Le botaniste-médecin Dominique VILLARS (1745-1814) lors de la parution de son Histoire des plantes de Dauphiné en 1789 écrivait ceci : «Mon dessein n’étant pas d’acquérir de la gloire en devenant auteur, je me contente de dire en partie ce que je sais de botanique et ce que je crois utile, et si je manque mon but, je n’ai pas manqué d’intention»

Plus qu’une intention, une très belle attention à la flore !

Merci Denis"


Luc Garraud
Botaniste
Conservatoire botanique national alpin 2015

vendredi 8 janvier 2016

Un Prince au Château ...

Ce 6 janvier de l'an de grâce 2016, le Château d'Annecy ouvrait ses portes pour accueillir le Prince ... de la Botanique haut-savoyarde : M. Denis JORDAN de LULLY et toute la fine fleur de ses amis.

Dans ce nombreux parterre ayant répondu à l'invitation d'Asters, le Conservatoire des espaces naturels de la Haute-Savoie, nous notions la présence de toute l'équipe du film : "Les Saisons" (à voir dans toutes les bonnes salles dès le 27 janvier) :
  • M. Jacques PERRIN et M. Jacques CLUZAUD, co-réalisateurs ;
  • M. Gilbert COCHET, conseiller scientifique ;
  • M. Stéphane DURAND, auteur.
L'alibi de ce rendez-vous était la sortie officielle de "L'atlas de la Flore rare ou menacée de Haute-Savoie" commis par M. Denis JORDAN aidé de quelques amis comme il a tenu à le souligner. 


Après les différentes interventions, notamment, de :
  • M. Gilbert COCHET, agrégé de Sciences naturelles, géologue et naturaliste ;
  • M. Bertrand LIENARD, Directeur du Conservatoire de Botanique National Alpin (CBNA) ;
  • M. Luc GARRAUD, Botaniste au CBNA :
  • M. Thierry LEJEUNE, Président d'Asters ;
  • M. Thierry ALEXANDRE, Directeur de Direction Départementale des Territoires (DDT) ;
  • Mme Christelle PETEX, Vice-présidente Développement durable, Environnement, Forêts au Conseil Départemental ;
 il revint à M. Roger ESTEVE, ancien directeur d'Apege devenu Asters, de remettre, à M. Denis JORDAN, les insignes de Chevalier dans l'Ordre du Mérite Agricole après avoir rappelé son parcours hors des sentiers battus.

Crédit photo : Asters
 Plus d'informations sur Asters : http://www.asters.asso.fr/

Nommé Chevalier au titre de la promotion de Janvier 2013, M. Denis JORDAN est membre de l'AMOMA depuis avril de cette même année.
En mai dernier, il nous a proposé une sortie nature qui fut un vrai succès : http://amoma74.blogspot.fr/2015/11/du-cote-de-valleiry-en-mai-fais-ce-quil.html

Le Conseil d'administration  l'a sollicité pour un nouveau projet de sortie en ... 2017, son agenda étant tellement rempli. Nous devrions en savoir un peu plus lors de l'assemblée générale du 11 mars.