Ce 17 janvier 2015, à l'occasion de la cérémonie des vœux de la commune de Lovagny, M. Henri CARELLI, maire, avait accepté que soient honorés M. Daniel AUDOUIT et Mme Christiane AUDOUIT.
Outre M. le maire et son Conseil municipal, étaient présents M. Christian JEANTET, Conseiller général, M. François DAVIET, Président de la Communauté de Communes Fier et Usses et M. Bernard ACCOYER, Député.
Après le rappel de la carrière des récipiendaires :
M. le Député leur remit la médaille de Chevalier de l'Ordre du Mérite Agricole. M. Henri CARELLI leur offrit la médaille de la commune.
Cérémonie de remise des insignes de l’Ordre du Mérite
Agricole
À M. et Mme AUDOUIT
Lovagny le 17 janvier 2015
Une vie et une carrière au
service du champignon
M. Daniel AUDOUIT, vous avez
commencé votre parcours « dans le champignon » en 1972 à Montoire-sur-le-Loir
au sein des établissements GUILBEAU. Vous arrivez en Haute-Savoie en juillet
1974 dans l’entreprise LIGERET comme responsable du compostage, afin d’obtenir
le statut de travailleur frontalier pour aller travailler en Suisse. Après six
mois d’activité, vous partez donc travailler en Suisse chez M. Parmentier,
champignonniste.
Toutefois, six mois plus tard,
vous vous installez à Chambéry avec Melle LIGERET qui deviendra Mme AUDOUIT et
prenez la direction du site de Chambéry ouvert par votre beau-père, M. LIGERET.
L’activité de ce site durera un an et demi et devra être interrompue pour des
raisons de sécurité, les galeries étant devenues dangereuses. Vous revenez donc
à Annecy au sein des établissements LIGERET comme directeur technique jusqu’à leur
liquidation en 2000.
Mme Christiane AUDOUIT, vous
avez toujours travaillé dans le monde du champignon depuis votre mariage en
1975, la plupart du temps de façon bénévole. Vous avez ainsi assuré de
nombreuses fonctions allant de la récolte au nettoyage des caves, notamment à
Chambéry, en passant par les livraisons. Vous avez également assuré pendant de
nombreuses années la comptabilité de l’entreprise LIGERET. Depuis 1995, vous avez
collaboré à plein temps au fonctionnement de l’entreprise.
Une production artisanale
La concurrence des productions
intensives, en serres climatisées, nuit fortement à votre entreprise.
N’étant plus que deux pour assurer
toutes les étapes de la culture à la commercialisation, vous avez dans un
premier temps rationalisé votre procédé en supprimant toute la préparation du
fumier.
Malgré une application méticuleuse,
des soins constants et une longue expérience, le travail des champignonnistes
ne suffit malheureusement pas à garantir une production régulière. La nature
conserve ses mystères : trop de vent, l’air s’assèche et les champignons
ne sortent pas ; trop de pluie, l’hygrométrie des caves augmente, et les
moisissures apparaissent ; trop de fraîcheur, et la pousse est inhibée,
etc. Très fragiles, les champignons sont cueillis un par un et placés
directement dans des barquettes de 250 ou de 500 g.
A la fin de la fructification, vous
deviez évacuer le compost des galeries, et tout désinfecter soigneusement avant
de laisser la cave au repos deux semaines puis de recommencer.
Diversification appréciée des
gourmets annéciens, le pleurote (cousin des champignons de Paris) montre au
chaland sa coquille gris velouté ou beige fumé. Plus frugal, il pousse en
touffes sur de la paille et nécessite l’alternance jour / nuit pour croître. Autre
innovation de votre part par rapport aux
cultures historiques des Etablissements LIGERET, le shii-také, ou lentin du
chêne, très prisé des clients soucieux de diététique ou gourmands de cuisine
asiatique, passe pour receler des vertus anti-cancérogènes.
Vous avez travaillé sept jours sur
sept, du matin au soir, sans vacances ni jours fériés, pour permettre à une
activité artisanale de persister et fournir des produits de très haute qualité
à une clientèle de professionnels (restaurants) ou de particuliers exigeants, à
des prix qui ne laissent aucune marge de manœuvre. Sous terre chaque jour de
l’année, éclairés par vos lampes frontales, vous avez perpétué un savoir-faire
en voie d’extinction puisque vous n’étiez plus qu’une poignée de
champignonnistes dans toute la France à exercer le métier selon les méthodes
traditionnelles, sans serres climatisées.
Votre production trouvait sa place sur les
marchés d’Annecy, à défaut de circuits de distribution adaptés à votre modeste
échelle.
Les visites du site
A partir de 2009, l’idée ayant germé de
valoriser votre travail et de faire connaître votre activité hors du commun, votre
fils Franck AUDOUIT (professeur de sciences) organise sur le site-même des
galeries des visites régulières destinées au grand public : chaque
mercredi après-midi en juillet et août ou chaque 1er samedi du mois
le matin d’avril à novembre, avec le soutien du Syndicat d’initiative de
l’Albanais. Pour ce faire, Franck AUDOUIT a réalisé un dépliant reprenant des
éléments de géologie locale, l’historique de l’entreprise et la présentation
des trois cultures pratiquées sur place. Des groupes, y compris des classes
entières d’élèves de niveau élémentaire, seront accueillis également sur
rendez-vous tant vous étiez soucieux de montrer votre production agricole
méconnue – et quand bien même le travail dans les galeries ne s’effectue pas
tout seul pendant ce temps de communication.
Cette initiative remporte un succès
croissant, le nombre de 200 visiteurs a été atteint sans difficulté entre
juillet et août 2012.
Toutefois, l’âge avançant, vous ne reniez
pas votre passion pour les psalliotes mais pensez à prendre votre retraite. Ce
fut chose faite en décembre 2013 mais non sans un pincement au cœur car,
désormais, la profession n’est plus représentée dans le département car aucun
successeur ne s’est annoncé.
C’est pour toutes ces raisons que le
Ministre de l’Agriculture vous a décerné le grade de Chevalier du Mérite
Agricole au titre de la promotion de janvier 2014.
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