A l'arrivée, point de vent mais des cimes tout autour sous un beau soleil et le maître des lieux : M François THABUIS.
Devant un parterre tout ouïe,
il retrace, dans un 1er temps, son parcours :
Rien ne le prédisposait à devenir paysan. Il est, ce qu'il est convenu d'appeler, un « hors cadre familial »,
ses parents qui habitaient près de Lyon, n'étant pas agriculteurs. Le
virus de l'alpage, il l'a attrapé lors de ses vacances d'été dans sa
famille en Haute-Savoie.
Ses BTS (« productions animales » et « analyse et conduite des systèmes d’exploitation ») en poche, il crée, il y a 15
ans, le GAEC "Le Vent des Cîmes" et s'associe avec Frédéric Ouvrier
Buffet pour concrétiser son projet. Depuis "Le Vent des Cîmes" a pris son
envol. Un troisième associé a rejoint le groupement.
L'exploitation se compose de 45 hectares en vallée et 135 hectares en alpage.
Un
nouveau bâtiment a été construit en 2010 sur la commune de Serraval pour abriter les 75 vaches laitières et
les 40 chèvres à leur retour de l'alpage. Un investissement de 1,3
million d'euros. Avec à la clé une réduction du temps de travail et de
la pénibilité.
Mais surtout la possibilité de fabriquer du fromage à
l'année grâce à un atelier de transformation et une cave d'affinage :
De
la production à la commercialisation, il y a un pas qu'il a souhaité, également, franchir, pour capter une partie de la valeur
ajoutée. Les clients peuvent acheter l'été à l'Aulp de Marlens les
reblochons ou les tommes. Les fromages sont aussi en vente à Seynod près
d'Annecy dans un magasin de producteurs fermiers à l'enseigne "C'nos
terroirs" ouvert il y a 7 ans.
Pour
répondre à la demande, le plateau de fromages s'est diversifié, et "Le Vent des Cimes" fabrique aussi fromage à raclette et gruyère. Résultat,
sur les 45 tonnes de fromages produites par le GAEC, la moitié s'écoule
en vente directe. L'autre moitié est vendue à des affineurs.
Un alpagiste c'est d'abord un éleveur, qui dans notre système
agro-pastoral typique de l'agriculture de montagne installe son troupeau
en altitude, de mai à octobre environ. Selon sa formation, il se
spécialise pour être plutôt berger ou plutôt fromager. Mais quelle que
soit sa spécialisation, il doit être avant tout être motivé, courageux
et passionné, car le métier, même s'il a évolué et s'est mécanisé, reste
physique. Et on ne compte pas ses heures. On peut devenir alpagiste
sans être du sérail, j'en suis la preuve ! Mes parents n'étaient pas
agriculteurs, mais je rêvais de faire ce métier, depuis qu'enfant, je
passais des vacances à Serraval, dont ma famille est originaire. Pour
s'installer les jeunes bénéficient aujourd'hui de l'accompagnement des
Chambres d'agriculture, ils sont prioritaires sur l'accès au foncier et
disposent d'aides financières, notamment européennes.
N'omettons pas de rappeler un pan de sa vie, synonyme d'engagement syndical :
Il s'engage à partir de 2004 au sein des Jeunes agriculteurs comme président de canton dans la vallée de Thônes, puis vice président des Jeunes agriculteurs de Haute-Savoie en 2006. Il est ensuite administrateur des Jeunes agriculteurs Rhône-Alpes
de 2008 à 2010. Il est, à ce titre, l’un des trois auteurs du rapport
d'orientation de février 2010 intitulé « Filières et territoires :
ajoutons de la valeur à notre métier ! »
Élu au bureau national en 2010, en tant que secrétaire général adjoint, chargé des dossiers de la montagne, de la PAC (Politique Agricole Commune), des territoires et du réseau Jeunes agriculteurs, il est élu le 6 juin 2012, président national lors du 46e congrès national Pontarlier.
Ses
relations avec M Xavier BEULIN, président de la FNSEA, se sont tendues. En théorie, les Jeunes agriculteurs sont indépendants de la FNSEA, mais
traditionnellement ils alignent leurs positions sur celles de la
puissante tutelle du premier syndicat agricole français.
Or,
sous sa mandature, les Jeunes agriculteurs, forts de 50 000 adhérents, ont
fait entendre leur différence. En particulier lors de la discussion sur la
future PAC 2015-2020. Les jeunes agriculteurs ont, par exemple, défendu
la surprime aux 50 premiers hectares, une mesure proposée par le
ministre de l'agriculture, Stéphane Le Foll pour aider les fermes de
taille moyenne. Une mesure rejetée par la FNSEA.
Les Jeunes agriculteurs ont également travaillé sur les dossiers de l'agriculture familiale,
de la vente directe et obtenu des avancées significatives sur la
question des aides à l'installation.
L'été, tout se passe à 1 657m, à l'Aulp de Marlens, que l'on rejoint à pied après avoir "abandonné" la voiture au parking des Fontanettes d'où l'on peut admirer la Thulle sous son meilleur profil (en forme de grenouille) :
Après tous ces efforts, le déjeuner fut, semble-t-il, pleinement apprécié (même par ceux montés en 4x4 !) :
L'après-midi nous permit de découvrir comment se déroule la vie en alpage :
Lever à 5 heures du matin pour la traite une
demi-heure plus tard, des 75 vaches laitières et des 40 chèvres.
La salle de traite :
Où chacune connaît sa place (lit-elle son nom ?) :
La
fabrication des fromages démarre à 7 heures. Avec le lait de nos
animaux, nous fabriquons dans notre atelier d'altitude, du reblochon
fermier, de la tomme de Savoie et du chevrotin, trois des sept
appellations fromagères de Savoie.
Ensuite, il faut aller déplacer les parcs, débroussailler les parcelles,
faire les foins, entretenir ou réparer le matériel.
A partir 16 heures,
retour des animaux au refuge pour la traite du soir, suivie à nouveau
jusqu'à 20 heures, de la fabrication des fromages.
Et l'avenir ?
Dans les Aravis, il se présente plutôt bien grâce à nos appellations d'origine qui
permettent de valoriser la production laitière, et la volonté de
développer un tourisme doux sur le territoire. Néanmoins, on ne peut
nier l'urbanisme croissant, la pression foncière ou encore le
réchauffement climatique qui ont un impact sur la production herbagère
en vallée. Il faut donc préserver, voire sanctuariser les alpages, dont
la vocation est double : zone de ressource indispensable pour nos
exploitations laitières et espace de ressourcement pour le grand public.
A la clé, de l'emploi dans l'agriculture, comme dans le tourisme.
Sachez qu'une fois par
semaine, l'office de tourisme de Thônes organise des visites de
l'alpage. Pour nous, c'est un moment privilégié pour expliquer notre
métier, partager notre quotidien avec le grand public. Le soir, il nous
arrive aussi d'aller donner un coup de main au restaurant du refuge. On
ne s'ennuie jamais.
![](https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg40RPVp3lxmypieIRYmBhCbJN1xQWBLgGxtRzFqFsElWJ2NTAA7rmhOPVJxmZboN0WrMyeWSCK-18XglWk45H2Qf0UwkttTwmDydvF2Lk1cLN-j0Z5VZj15Uo27w_kU99yI-5YTJ12K9CZ/s200/20190723_144919.jpg)
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